C’est auprès de ses ancêtres, puis dans son parcours personnel, ses rencontres et ses recherches que se constitue la matière historique, ethnologique et biographique d’un vaste corpus qu’il n’a de cesse de transcrire par écrit, de photographier, de filmer pour laisser une trace, un témoignage, un héritage culturel.
Dans nombre de ses publications, Matéo rend hommage à ses aïeux, sa grand-mère paternelle Lutka, sa grand-mère maternelle Mimi, son père Lolia, son oncle Savka et tous ceux qui lui ont transmis l’histoire familiale et les légendes qu’il s’est appliqué à enregistrer dans sa mémoire et à immortaliser dans ses récits. Jeune écrivain, il se fait à son tour conteur, lorsqu’il livre à la veillée, chez les Roms de son entourage, le récit de ses romans. En 1945, dans son journal, il exprime la joie de percevoir l’intérêt de son auditoire : « je vois qu’on m’attend avec impatience pour leur raconter la suite de Laider et Solomia. Surtout Savka veut connaître la fin et me le demande de si bon cœur que je m’exécute. A la fin chacun émet son opinion. Je vois ainsi qu’on aime m’entendre parler de mes romans. »
Au cœur de ce patrimoine dont Matéo se perçoit comme un garant et passeur de relais, la langue romani occupe une place centrale. Outre le travail colossal de traduction de La Bible qu’il a produit, Matéo se consacre à la fin de sa vie, à la traduction de six de ses romans, en dialecte kalderash. Ces manuscrits restent à ce jour inédits. Ils constituent la prolongation d’une œuvre qu’il souhaitait transmettre à ses frères roms, qu’il n’a cessé d’encourager à préserver leur culture et leur langue.
Cette vocation de passeur s’illustre également par sa volonté d’être un trait d’union entre le monde romani et le monde des gadjé. Ce fut l’un de ses engagements constants auprès des associations, dans ses interventions auprès des médias, de manifestations culturelles en conférences, de rencontres publiques en multiples débats auxquels il a participé tout au long de sa vie.
derrière le panneau publicitaire,
photo Michèle Brabo
LE RéCIT FAMILIAL
A LA CROISéE DES MONDES ROMS ET MANOUCHES
LES ANNéES
SOMBRES
JE CONTINUE A éCRIRE C’EST MA SEULE CONSOLATION
MONTRER LA VIE DES ROMS TELLE QU’ELLE EST
LE PREDICATEUR
MATéO
UN HOMME ENGAGé
UNE VIE POUR TRANSMETTRE